BENCHARIF Mostefa né à Miliana le 12 novembre 1913
Issu d’une famille de fonctionnaires de la magistrature Musulmane, ayant exercé depuis et bien avant la conquête de l’Algérie par la France. Élevé dans les principes Arabo-Islamiques,…Dans le mépris de l’occupant, qui a toujours été considéré comme un « intrus ». Pas de politiciens dans la famille, mais le sentiment nationaliste n’a jamais fait défaut. Sans avoir milité dans aucun parti politique, monsieur Bencharif était connu dans son entourage pour ses sentiments de nationaliste Arabe. Il a exercé les fonctions de justice de 1941 à 1963, pendant toute sa carrière il n’avait cessé de protéger les siens, et d’assouplir à leur égard bien souvent les rigueurs de la loi. Les regrets et les bons souvenirs qu’il a laissé, partout sur son passage, malgré ses fonctions « ingrates », en sont les meilleurs témoignages de son amour pour ses frères et de son humanisme. En 1942, pendant la guerre France-Allemagne il est mobilisé à Blida en qualité d’aspirant réserviste. Quelques jours après sa mobilisation il est taxé « d’Anti- Français » par son capitaine Français et le colonel, parce qu’il avait nettement la défense des soldats Musulmans persécutés à tort et des sous officiers Musulmans également qui ne bénéficiaient pas des mêmes avantages que leurs « collègues Français ». Il fût dirigé dans une unité en formation pour le front, surveillé de prêt, et objet de diverses enquêtes d’officiers du 2ème Bureau Français. Envoyé sur le T.O il fut pendant toute la durée de la guerre isolé avec un faible détachement de tirailleurs Algériens dans les forêts et en dernier désarmé à l’époque des événements de Constantine (été 1945) par des chefs Français. Son attitude courant la période de la révolution (1954 à 1957 a pris conscience de l’importance du mouvement révolutionnaire armé aussitôt est né en lui le sentiment et l’espoir de voir libérer son pays. Voyant tous ses amis arrêtés, pris dans les camps d’internements ou en prison, il était saisi par un complexe d’infériorité en restant inactif, faute d’avoir été intéressé ou contacté par l’organisation clandestine. – Vu l’influence qu’il avait auprès de la population, il n’a jamais caché sa sympathie pour cette révolution et l’espoir de sa réussite. Il a donné tant qu’il a pu son soutien moral et matériel aux familles touchées par la répression dont les membres avaient rejoint le maquis. Sollicité par les autorités lors des démissions des élus Algériens, il a refusé de faire partie des délégations spéciales formées à l’époque par des Francais et il a refusé également de faire partie de la commission départementale (conseil général de l’époque), malgré les insistances et les menaces du maire de l’époque. IL A TOUJOURS RESPECTÉ LES CONSIGNES DU F.L.N concernant les grèves, fermetures des magasins etc…a cessé de participer aux cérémonies officielles auxquelles il était invité en tant que fonctionnaire de la ville et ce pour obéir aux consigne du F.L.N. CES DIFFÉRENTES POSITIONS ont entraîné la réaction des colonialistes à savoir 1- il a été désigné en tête d’une liste d’otages (10) qui devaient être exécutés sur place publique en répression de l’assassinat d’un garde champêtre Français en fin 1956 2- a reçu une lettre de la main-rouge (organisation terroriste colonialiste de l’époque) le condamnant à mort. 3- a évité plusieurs embuscades de ses ennemis qui avaient même gagné le concours des chefs militaires dont certains lui montraient une hostilité très marquée. 4- A chacun de ses déplacements il était arrêté par les barrages colonialistes et sa voiture fouillée ainsi que sa serviette porte-documents de 1958 à 1962 –A refusé de participer aux comités de Salut Public, malgré l’intervention menaçante et armée de deux activistes notoires, venus le relancer à son domicile le matin du 13 mai 1958. –A refusé de se porter candidat à la députation du mois de septembre 1958, malgré les insistances et les démarches de ses ennemis qui le menaçaient d’enlèvement etc… EN MAI 1959 : arrive les élections municipales, avec collège unique et majorité de conseillers Algériens sur les autres…. Il est également harcelé par les colonialistes pour figurer sur leur liste en qualité de 1er adjoint et même de maire. Les mêmes menaces lui sont adressées en cas de refus. C’EST A CE MOMENT, mesurant les dangers dans lesquels il se débattait tout seul depuis 4 années, la résolution de « PRENDRE LE TAUREAU PAR LES CORNES » le prit, et c’est ainsi qu’avec l’aide de quelques amis se trouvant a peu prêt dans la même situation, il avait décidé de faire une liste pour s’opposer à celle des colons. Mr BENCHARIF a donc pu monter cette liste, non sans peine car les candidats Français manquaient, et il n’a pu les avoir qu’après maintes astuces et pressions… La liste de Mr BENCHARIF s’était donc présentée à ces élections avec une étiquette et un programme très audacieux à l’époque puisqu’elle était à progrès social et anti-colonialiste . Le jour des élections à Marengo a marqué LA PREMIÈRE DÉFAITE DES COLONS ET DES COLONIALISTES en Algérie depuis l’occupation de la France. Toute la population Musulmane , comme un SEUL HOMME, s’était dressé hommes, femmes et enfants pour barrer la route à la liste colonialiste et les résultats ont été écrasants à quelques voix nous avons eu toutes les voix de votants et votantes musulmans. Le soir tassés dans les camions auréolés de rubans en couleurs, les enfants de la ville par centaines parcouraient les rues de la ville, même la principale, aux cris de vive Ben Bella, vive Bencharif….. L’énervement et l’affolement de la population Européenne étaient à leur comble et n’avait d’égal que l’enthousiasme bruyant des Musulmans qui s’était poursuivi toute la soirée et même la nuit jusqu’au matin du lundi. NOTRE RÔLE DE MAIRE : Notre première action a été d’interdire à l’armée Française d’exposer sur la place publique le corps des chouhadas capturés et assassinés par eux. Méthode courante dans la région et que nous avons supprimé. De monter une cabale, et de désorganiser le service de renseignement de la police locale, formé d’éléments européens, élevés dans le milieu musulman, dont ils connaissaient les plus petits secrets et qui terrorisaient la population. Dans leur temps une cellule à peine formée qu’elle était dévoilée et arrêtée. Toute notre action fut axée sur la réussite de la révolution: Secours et subsides à toutes les familles nécessiteuses et PARTICULIÈREMENT à celles dont le ou les membres sont au maquis, en prison enfin au service de la révolution ou tué par les forces de l’ordre colonialiste. Assurer l’embauche à tous les frères sortis des camps ou de prisons…Et leur faciliter la reprise du « service auprès de la révolution »….Marengo est devenu un refuge sûr aux djounouds et à l’organisation civile clandestine…. HÉBERGER CHEZ MOI LES DJOUNOUDS DE PASSAGE à MARENGO ainsi que je peux citer certains parmi eux: les frères BENMESSAOUD- SI REDOUANE (tué à Cherchell au cours d’un combat) SI MENOUAR- SI MOHA BAZAR- SI MOHA SEGHIR-….. Il m’est arrivé d’avoir dans ma villa, dans une chambre les officiers de l’ A.L.N et dans une autre les officiers Français et ce en même temps… CONTACT; avec le capitaine SI MOHAMED SAIDI et plusieurs djounouds, que j’allais rencontrer chez des voisins, pour différentes causes, liaison, renseignements… AIDER LA RÉVOLUTION par des versements de cotisations et par contribution assez importantes. PROTÉGER LA POPULATION CONTRE LES ABUS DE POUVOIR DES FORCES DE L’ORDRE. FAIT LIBÉRER PRESQUE TOUS LES FRÈRES QUI ÉTAIENT DANS LES CAMPS D’INTERNEMENTS OU DÉTENU EN PRISON …. FAVORISER TOUTES LES MANIFESTATIONS PRESCRITES PAR LE F.L.N (MOUVEMENT DE MASSE DE LA POPULATION) SOUS MA PROTECTION et CELLE DE CERTAINS DE MES CONSEILLERS … A l’occasion de mes voyages en France, j’ai servi de liaison avec les frères de la fédération de France Messieurs FARES et autres….Si Omer etc… En tant que Président du conseil général d’Alger je ne devais pas me présenter au Conseil général car avec mes fonctions de maire je pensais que j’avais suffisamment d’occupation et me plaisais à vivre au milieu de ma population qui me marquait beaucoup de sympathie, et au milieu de laquelle je me sentais à l’aise. Cependant les colons qui n’avaient pas digéré leur défaite au conseil municipal, se sont ligués pour planter entre moi et l’administration, un adversaire « sérieux », afin de paralyser mon action. Leur choix s’était porté à nouveau sur LARADJI député de l’Algérie Française, qui avait donné les preuves de son attachement, donc les colonialistes ayant formé une liste avec LARADJI et le docteur BUERLE président du C.S.P activiste notoire …une inquiétude était née dans notre milieu, mes amis n’ayant trouvé personne pour barrer la route à ces défaitistes, je me suis vu obligé de me sacrifier. La lutte a été dure, malgré les mauvais traitements, les bousculades et la force nous sommes arrivés à remporter la victoire aux élections, car nous avions la confiance du peuple, qui a su déjouer toutes les manœuvres de ses ennemis. MON ACTION ; détruire le groupe LAGAILLARDISTE qui était assez important dans l’assemblée, en formant une majorité avec beaucoup de peine. Paralyser son action néfaste…Depuis 1960 je n’ai cessé de proclamer et de faire adopter par l’assemblée des motions incitant le gouvernement Français à négocier avec le F.L.N, J’étais d’ailleurs le premier élu Algérien Musulman à prendre cette position en publique et dès le début de mon élection… Ci-joint une pétition écrite qui avait été adressée au gouvernement par mes soins.En janvier 1960 les colons aidés par la territoriale savaient tout au moment du puntch d’Alger (Avril 1961) 3 de mes collègues qui avaient signé cette motion furent tués par l’O.A.S Personnellement j’ai été recherché tant à Alger, qu’à Marengo je ne dois mon salut qu’à mes manœuvres de dissipation. Après ce puntch j’ai fait prendre de graves décisions par le préfet contre les activistes notamment, j’ai fait suspendre 27 conseillés généraux et 9 maires colonialistes j’ai fait interner à Berrouaghia 6 activistes de Marengo dont une femme…A ce sujet j’ai fait l’objet d’une condamnation à mort par l’ O.A.S qui a été diffusée par tracts dans tout Alger. Une lettre anonyme postée de Blida m’avait fait connaître que les 2 jeunes RIPOLL quincaillers à Blida activiste notoires avait été désigné par le comité de l’OAS pour m’exécuter …Je me suis alors réfugié en France ou les tueurs de l’O.A.S m’ont poursuivi jusqu’à mon Hotel à Vichy…Je ne dois mon salut qu’à mes différents et multiples déplacements. POLITIQUEMENT: mon action ne tendait qu’à un seul but CELUI DE LA RÉUSSITE DE LA LUTTE POUR L’INDÉPENDANCE….Au cours des congrés, réunions, conférences, commissions d’élus en France ou en Algérie. Mes déclarations n’étaient qu’attaques contre les colonisateurs et renvoi de toutes discussions concernant le statut futur de l’Algérie aux négociations avec les politiciens qualifiés, c’est à dire avec les responsables du mouvement libérateur. J’étais de ceux qui ont saboté la fédération des maires de l’Algérie provoquant la dissolution de celle d’Alger, dirigée par les activistes pros OAS, je crois également avoir contribué à saboter la 3 ème Force que la France voulait créer. Contacté par Mr JOXE à ce sujet , venu spécialement à Alger j’ai rejeté brutalement toutes ses propositions ne voulant pas être un traître à mes frères qui se battent pour l’indépendance…Mon attitude vigilante et intégralement acquise à la liberation du pays, m’avait attiré beaucoup d’ennemis. Condamné à mort par l’O.A.S suspecté par les forces de l’ordre poursuivi jusqu’à mon domicilepar les éléments de la légion déserteurs, je n’ai échappé à leurs coups que grâce à la protection de mes amis et de la presque totalité de la population de Marengo qui veillait même à mon insu sur ma sécurité. 2 de mes vices Présidents Français et mon secrétaire Musulman du conseil général, signataires de la motion tendant à inviter le gouvernement à négocier avec le FLN émise le 09 janvier 1961 furent assassinés par l’ O.A.S . Rentré de France après le cessez le feu j’ai collaboré avec les éléments de l’ALN pour l’installation des diverses organisations locales, préparé les élections pour l’autodétermination des Algérien et continué la gestion communale jusqu’à fin juillet époque à laquelle fatigué physiquement, surmené moralement j’avais sollicité ma relève des fonctions de Maire à Mr le S/Préfet de Blida…Requête suivie d’effet 2 ou 3 jours après. CE QUI PRÉCÈDE REPRÉSENTE UNE PARTIE DE MES ACTIVITÉS EN FAVEUR DE LA RÉVOLUTION DISPENSANT LE LECTEUR DES DÉTAILS CONCERNANT DES FAITS QUOTIDIENS, NON DÉPOURVUS POURTANT D’INTÉRÊT ET QUI SONT LA CONFIRMATION DU BUT RECHERCHÉ QUI ÉTAIT MON UNIQUE ASPIRATION. LES DÉCLARATIONS CI DESSUS SOUS LA FOI DU SERMENT ET JE SUIS EN MESURE D’EN JUSTIFIER L’AUTHENTICITÉ DEVANT QUI IL APPARTIENDRA
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